jeudi 13 août 2009

Retour au bercail


Yerevan, Armenie, dernier soir.
Un mois, c'est long. suffisament pour s'ennuyer, parfois. Mais tout comme le fait de se perdre, je pense que cet ennui est la seule facon de prendre le rythme d'un pays. Ils devaient bien s'ennuyer, eux aussi, les moines armeniens, dans leurs etroites cellules. Et pourtant, ils y trouvaient la grace.
Un mois, c'est aussi tres court. Je commence a peine a comprendre certaines tournures d'esprit, je ne reste plus a me gratter la tete quand un paysan m'adresse la parole, je sais quoi choisir dans un restaurant. Service minimum, donc. C'est vrai qu'il est aussi possible de faire ce pays en une semaine. Tel n'etait pas mon objectif.
Ce soir, je suis retourne voir mon Libanais francophone pour lui donner mes impressions. Il m'avait dit que les paradoxes de l'Armenie me stimuleraient. C'est bien la conclusion que je peux tirer de ce voyage. Terre de contact, on y mange oriental, comme on ecoute de la musique aux sonorites orientales, mais on y parle aussi russe, on consomme le gaz russe, tout en lorgnant du cote de la culture americaine. J'oubliais Charles Aznavour pour completer un tableau deja complexe.
J'ai pris grand plaisir a partager ces experiences presque au jour le jour avec vous. Il est vrai que ce voyage sans internet aurait ete tout autre. Je tiens donc a vous remercier de l'avoir suivi et commente avec autant d'interet.
Antra, j'ai effectivement eu acces a internet presque partout. C'est le "privilege" de voyager dans un pays dans lequel tout le monde n'a pas un ordinateur chez soi. Les cyber sont pour cette raison monnaie courante.
Je pense deja a l'annee prochaine, et je me dis que ma destination sera peut-etre moins accessible aux avantages de la modernite... quoique...
Allez, je vous propose un petit jeu pour finir. Ce sera en Asie, pour de vrai cette fois-ci... Un pays dont le nom se termine par -stan... Il y en a beaucoup, je sais... Mais vous pouvez deja proceder par elimination...

mercredi 12 août 2009

Vie pratique # 4 : dormir



Me voici arrive au terme de ce voyage, et la fatigue commencant a se faire serieusement ressentir, il est temps pour moi de vous expliquer comment on se loge pour la nuit en Armenie. Tout d'abord, un bilan comptable : sur un mois, j'ai passe 15 nuits sous la tente et 15 nuits a l'hotel, en auberge de jeunesse, en chambre d'hote, ou chez les gens.
Commencons par l'hotel. J'ai tout experimente, de la chambre de luxe avec mini-bar pour 54 euros, a l'hotel beaucoup moins classe, sans eau chaude, papier peint aux motifs floraux defraichis, mais le tout pour seulement 6 euros. Je prefere ne pas vous dire dans lequel je me suis le mieux repose, vous allez encore dire que je suis complique comme garcon...
L'auberge de jeunesse ou je loge actuellement a l'avantage d'etre tres bien situee dans le centre de la capitale, et pour pas cher. Le desavantage, ce sont les chambres collectives, avec le mec qui ronfle tellement fort qu'il vous contraint a passer une nuit presque blanche. Mais on y rencontre d'autres routards, on echange des informations.
Les chambres d'hotes sont un moyen tres pratique de voyager en allant chez l'habitant. J'ai pu y deguster de vrais plats armeniens. C'est aussi l'endroit ou j'ai croise le plus de touristes francais... je crois que nous avions tous le meme guide.
Chez les gens, on y apprend beaucoup, mais il faut s'adapter au mode de vie. Ainsi, la tele qui beugle jusqu'a trois heures du matin pour on ne sait qui, avant qu'une ame charitable pense a l'eteindre. Cela dit, je ne vais pas cracher dans la soupe, l'hospitalite a ete un point fort de ce voyage.
Enfin, le meilleur pour la fin, a savoir ma tente. Quelque soit l'endroit ou l'on plante, on s'y sent tout de suite chez soi, et on se reveille dans des endroits qui ne donnent pas envie de repartir tout de suite. Les nuits sans orage, on y dort vraiment bien, pour les autres, on s'habitue, c'est tout.
Alors bien sur, il y a les chiens qui viennent grogner a deux heures du matin, les vaches qui paissent comme si je n'etais pas la, et qui finissent par pisser sur ma toile...
Mais bon, je crois en avoir fait bon usage, elle n'a pas ete un poids mort...

lundi 10 août 2009

Into the wild...


Soucieux de preserver mon independance, j'ai snobe le bel hotel en forme de bateau qui m'attendait a Vank, petit village du Karabagh. J'ai préféré planter ma tente aupres d'une sympathique riviere que j'ai eu le plaisir de franchir a gue. J'ai trouve l'endroit bucolique, exactement ce qu'il me fallait pour ma derniere nuit sous les etoiles.
Seulement, les etoiles se sont rapidement cachees, et j'ai eu en echange le privilege d'assister a un "Sons et Lumieres" de 12 heures. En sortant de ma tente le matin, a la faveur d'une accalmie, je suis alle voir par acquis de conscience l'etat de ma petite riviere.
Le debit est infernal, l'eau boueuse, elle est largement sortie de son lit, et devient pour toutes ces raisons infranchissable. Moi qui comptai prendre le bus du retour, je me dis que cela risque d'etre difficile, d'autant que mon visa expire, que je n'ai plus rien a manger dans mon sac.
Je plie donc mes bagages, regarde une carte, puis deux, avant d'observer qu'un village situe au sud-est de Vank est relie par une route qui coupe forcement la riviere avec un pont. Je pars donc sur des chemins boueux et glissants, je traverse des ruisseaux devenus rivieres, je fais fuir un ours du Caucase et je tue un serpent de trois metres de long...
Extenue, le ventre vide, je vois apres une heure de marche le pont tant espere depuis le sommet d'une colline. Je suis sauve...
Je rejoins finalement la route de Vank apres un detour de 6 km. Et je me trouve contraint a attendre mon bus trois bonnes heures, a la terrasse d'un cafe... Toute cette aventure pour vous prouver une bonne fois pour toutes qu'il pleut, parfois, en Armenie...

dimanche 9 août 2009

Amer Karabagh

Le Karabagh est une petite Republique independante qui n'est actuellement reconnue que par l'Armenie. Situee officiellement en Azerbaidjan, elle veut faire reconnaitre son unite territoriale avec le reste de la nation armenienne. On y parle la meme langue, on y utilise la meme monnaie, mais les cartes sont tetues. En l'occurence, tout le probleme vient du decoupage des frontieres par les sovietiques entre les deux Republiques. Lors de l'eclatement de l'URSS, ces voisins sont entres dans une guerre qui n'est toujours pas terminee. Si le cesse le feu est respecte depuis 1994, aucun accord n'a ete trouve.
Pour le touriste distrait que je suis, si je regarde une carte de l'Armenie proposee par le syndicat d'initiative, je me dis que le Karabagh est une region d'Armenie. En realite, elle est coupee du reste du pays par un "no man's land" appele Couloir de Latchin. Toujours est-il que je change bien de pays. On me demande mon passeport. Arrive dans la capitale, Stepanaterk, je file au ministere des affaires etrangeres me procurer un visa pour 5 jours. Le fonctionnaire qui s'occupe de moi en profite pour me faire cadeau d'un DVD sobrement intitule " Crimes without punishement : Armenophobia in figures and facts".
Je ne peux pas m'empecher de ressentir un malaise. Pas seulement parce qu'on effeuille mon passeport a la moindre occasion, mais parce qu'en faisant le choix de visiter le Karabagh, j'ai l'impression de soutenir une cause qui me depasse largement, et donc d'etre manipule. Je croyais naivement que l'on pouvait garder sa neutralite en voyageant. Il n'en est rien... Je viens d'ailleurs de m'interdire l'entree en Azerbaidjan avec ce visa colle dans mon passeport. Il faut accepter de se placer, chercher le point de vue, pour commencer a comprendre.
Dehors, beaucoup d'uniformes rappelent effectivement que la guerre n'est pas terminee malgre le calme apparent. Dans les villages, les vieux sortent le dimanche avec leurs treillis pour aller a la messe.
Ainsi va la vie au Karabagh...

mercredi 5 août 2009

Vie pratique # 3 : Manger




Voici plus de trois semaines que je suis sur les routes d'Armenie. Il est grand temps de vous dire ce que je mange, histoire d'etre un peu plus terre a terre...
Tout d'abord, si l'Armenie est un pays relativement pauvre, le jardin est bien garni. Richesse des terres et climat ideal, le Caucase voit pousser tomates, poivrons, melons, abricots, prunes. Je viens de decouvrir a Goris les mures qui poussent sur de grands arbres, et non sur des ronces comme chez nous. Elles sont noires ou blanches, toujours sucrees.
La base de l'alimentation estivale, la voici donc. A chaque fois que j'ai ete invite, j'ai eu droit a ces delices simples, accompagnes d'un pain plat, sans levain, appele "lavash", mais aussi d'un fromage de bique tres sale. On trouve le meme dans les Balkans. On roule le tout dans le pain, facon Kebab, et le tour est joue... pour vraiment pas cher.
Les grands jours, on rajoute de la viande, des brochettes. Les Armeniens en sont friands. On m'a dit de me mefier du mouton fraichement saigne dans les campagnes, j'essaye donc de faire attention. Pas de mauvaise surprise jusque la...
Je n'oublie pas non plus mon fidele rechaud a petrole - merci Julien pour le pret - qui me sers lorsque je vais camper loin des grandes villes. Efficace et rapide - enfin, quand meme 40 minutes pour faire bouillir de l'eau a 3000 metres - il permet de preparer le the, les pates, le riz. Je me suis meme decide a acheter de la sauce en tube... parce que sans sel ni rien pour accompagner, c'est vraiment fade.
Pour terminer, je suis oblige de vous parler de la biere. Mieux que le CAC40, plus fort que le Dow Jones, c'est le veritable indicateur du niveau de vie d'un pays. Pour cinquante centimes d'euro, vous avez votre veritable demi-litre... pas mauvaise en plus. Cela donne une idee pour le reste.

L'URSS vaincue par les moines de Tatev...


Tatev est a seulement 25 km de Goris, mais il faut deux heures au bus pour parcourir la mauvaise piste qui serpente entre les montagnes. Je fais le voyage en compagnie d'un jeune couple de Tcheques, assis sur une bouteille de gaz. Encore une fois, les desagrements du parcours sont vite oublies face a la beaute du paysage.
Depuis le village de Tatev, nous nous dirigeons vers le monastere pour savoir si nous pouvons y passer la nuit. Mes deux acolytes qui n'ont pas de tente sont invites a dormir dans le batiment, tandis que je decide de planter a l'exterieur, pour avoir plus de liberte. Mais nous sommes tous invites a partager le repas de pelerins venus passer quelques jours ici.
Rassurez-vous, je n'ai pas a reciter une quelconque priere, ni meme a faire le signe de croix, et nous discutons pendant le repas avec une Armenienne qui parle un tres bon francais. Rapidement, nos propos tournent autour de la religion. Notre hotesse ne comprend pas les mecreants que nous sommes devenus, plus a l'ouest. Autant, elle concoit que la Tchecoslovaquie sovietique se soit eloignee de Dieu sous la contrainte des communistes, mais pour la France... Je fais un bien mauvais ambassadeur.
Elle nous explique qu'au temps de l'URSS, l'Eglise armenienne etait tres controlee, voire completement interdite. Mais sa vitalite s'est exprimee de facon sous-terraine, jusqu'a sa resurgence actuelle. A l'ecouter, c'est l'Armenie, ses croyances et ses moines qui sont a l'origine de l'effondrement de l'URSS.
Bien sur, cette vision de l'histoire par le petit bout de la lorgnette a de quoi faire sourire. Mais en y reflechissant, cette femme n'a pas completement tort. L'ideal d'une societe uniforme voulu par les communistes ne pouvait que se heurter aux particularismes culturels, a la diversite des destins historiques.
L'Armenie est un territoire de montagnes, propice aux resistances les plus legitimes comme a l'esprit de clocher le plus borne. Il n'est qu'a voir les relations actuelles entre la Russie et la turbulente Georgie pour comprendre qu'ici, on ne se laisse pas faire. Reste un bon sens populaire, un gout prononce pour l'hospitalite...
Que demander de plus ?

dimanche 2 août 2009

Le cimetiere de Goris



On m'avait dit "Il faut aller a Goris, cela vaut le deplacement". En arrivant hier, sous les nuages, je trouvais la ville sans grand interet, hormis peut-etre son charme provincial.
Et puis ce matin, je suis alle flaner du cote du cimetiere, dans le vieux Goris. On peut y voir une cite troglodyte construite dans la roche volcanique. Ces formations geologiques travaillees par le temps sont comme autant de doigts de fees qui veillent sur le sommeil des morts.
En continuant ma balade, je rencontre un groupe d'armeniens - beaucoup d'enfants - qui dejeune aupres d'une petite chapelle. Au detour du chemin, je decouvre une grande flaque de sang et quelques plumes sur un rocher. Un coq vient d'etre sacrifie. Les pattes sont accrochees a un arbre, avec une quantite de mouchoirs, de sacs plastiques multicolores. Les enfants jouent autour.
Le christianisme armenien est une religion du rite qui a besoin de sang, une croyance qui se realise a travers des gestes que j'imagine ancestraux. En voyant cette debauche de couleurs et d'odeurs, je pense en souriant a la proprete desincarnee de notre catholicisme moribond.
Un peu plus loin, je suis attire par une musique belle et triste. Par l'ouverture d'une fenetre troglodyte, j'observe un enterrement. Il n'y a que des hommes reunis pour l'occasion. Un accordeon, une flute traditionnelle et le souffle vibrant du chanteur suffisent a vous dechirer l'ame. La ceremonie s'acheve dans un silence encore plus prenant.
En descendant vers la ville, je remarque derriere une pierre tombale une bouteille de vodka entamee et trois petits verres. Ici, la mort est une partie de la vie. On y laisse les chiens creves sur le bord des routes un peu plus longtemps que par chez nous.
Je ne sais pas vous dire pourquoi, mais ces quelques images glanees sur les chemins me mettent en joie pour la journee...

vendredi 31 juillet 2009

En route vers le Sud

Apres mon escale a Yerevan, je me suis dirige comme prevu vers le Sud, en suivant la frontiere turque. Pour feter dignement mon depart vers de nouveaux horizons, le deluge s'est invite alors que je visitais un monastere avec une superbe vue sur l'Ararat.
Ce symbole de l'Armenie, que l'on retrouve sur toutes les bouteilles d'eau minerale, etait bel et bien noye dans les nuages. En meme temps, l'Ararat est officiellement en Turquie, bien qu'il soit dans le coeur de tous les armeniens.
Profitant d'un rayon de soleil, je me suis mis a la recherche d'un endroit ou planter. Pas facile, quand tout est gorge d'eau, et qu'un nouvel orage menace. C'est finalement un villageois qui met fin a mes deboires en m'invitant chez ses parents - il faut croire que je suscitais la compassion, avec mon sac et mes godasses pleines de boue.
J'ai donc passe la nuit chez Georgh, un armenien hispanophone avec lequel j'ai pu baragouiner quelques mots. Il a travaille trois ans a Barcelone avant de se faire expulser.
Je mange bien, mais il n'est pas question d'argent. Par contre, je m'engage a l'accueillir quand il viendra en France... Une sorte de "couch-surfing" sans internet... Et sans electricite d'ailleurs... Elle est regulierement coupee par l'orage.
Le lendemain, je continue ma route apres avoir refuse une paire de chaussettes neuves que voulait m'offrir Georgh. J'ai ete oblige de lui montrer que j'en avais des propres dans mon sac. Direction Areni, donc. Il parait qu'on y fait du bon vin.
Le paysage change, le temps aussi, qui est au beau fixe. Il y a moins de vegetation, la roche devient ocre. Le village d'Areni est un coin de verdure perdu au fond d'une gorge aux parois impressionantes.
De l'autre cote, c'est le Nachivestan, enclave Azeri protegee par la Turquie. Les relations sont tendues, mais il n'y parait rien dans ce havre de paix.
Je demande l'autorisation a un fermier de planter dans son champ. Pas de probleme... il viendra meme m'apporter quelques tomates, poivrons, peches et prunes. Plus tard dans la soiree, c'est au tour d'une grand mere edentee, mais souriante, de venir me nourrir.
Considerant l'etendue de mes provisions, je me vois dans l'obligation de rester encore une nuit, histoire d'honorer ce banquet improvise. Cela me permettra de visiter un monastere de plus...
Pas de chance, le lendemain, ce sont deux petites filles qui reviennent a l'assaut... tomates, poivrons... Il va falloir que je me fasse violence, et continuer ma route malgre tout...
Me voici donc pour la nuit dans un hotel a 6 euros - qui dit mieux - sur la route qui mene au sud, plus exactement a Yeghednazor.
La suite, ce sera Sissian ou Goris... ou les deux...

lundi 27 juillet 2009

Vie pratique # 2 : communiquer



Les armeniens possedent un bien bel alphabet que dieu leur a soit disant donne en exclusivite. C'est aussi pour cette raison qu'ils sont les seuls a le comprendre. Je vous laisse imaginer mon angoisse devant le menu d'un quelconque restaurant.
Heureusement, les chiffres sont comme chez nous, en arabe. Je me retrouve donc a lire la carte de droite a gauche, en priant pour que le prix indique corresponde au repas ideal...
Cela dit, a Yerevan comme ailleurs, on pense au touriste egare en transcrivant les mots importants dans notre bon alphabet latin. Ainsi le nom des rues principales de la ville sont lisibles dans les deux versions, et c'est une bonne chose pour ne pas se perdre. Au pire, on demande.
Pour ce qui est de la langue, je maitrise a ce jour trois mots qui sont pour moi autant de sesames. "Barev" pour bonjour, "Benzin" pour l'essence - de mon rechaud - et "Piva" pour biere...
Le reste se fait en anglais, dans le meilleur des cas. En ville, cela passe encore, mais dans les campagnes, je comprends a l'expression desabusee de mes interlocuteurs qu'il va falloir trouver autre chose, ou alors c'est mon accent qui ne passe pas. "Ruski ?" Non, desole, je ne parle pas russe...
Il me reste encore a vous presenter mon fidele imagier, justement intitule "Gepalemo"... Toutes sortes de situations frequentes, d'objets quotidiens, y sont indexes. Finalement, je m'en sers assez peu.
Par contre, je suis devenu tres bon en mimes ! Imaginez moi faisant la brasse en pleine montagne pour demander la direction du lac a des bergers interloques...

dimanche 26 juillet 2009

Lac Sevan


Me voici de retour a Yerevan pour une escale de deux jours avant de repartir pour le sud. J'ai termine mon periple dans le nord par l'inevitable lac Sevan, fierte du peuple armenien.
Moi, je comprends enfin ou va toute cette eau qui tombe depuis une semaine. Sevan est le deuxieme plus grand lac d'altitude apres le Titicaca. Nous sommes a plus de 2000 metres d'altitude.
Mais Sevan, c'est aussi un horrible complexe touristique, avec ses inevitables hotels, ses vendeurs de ballons et sa musique qui casse les oreilles. Il faut dire que j'ai la mauvaise idee de venir sur les rives du lac un samedi, jour que choisissent les habitants de Yerevan et sa banlieue pour venir se rafraichir.
Peu importe, je decide de partir a l'aventure de l'autre cote, la ou seuls les taxis peuvent m'emmener. Ils doivent meme se demander ce que je compte faire par ici, il n'y a que des vaches pour venir brouter l'herbe du coin.
En poussant mon investigation, je trouve finalement le lieu ideal pour camper, sur les terres d'un vieil hotel abandonne. La gerante me demande quand meme une petite participation pour avoir acces au robinet, mais surtout a la plage privee.
Pour tout vous dire, l'eau etait froide, mais la baignade fut agreable... Le soir, comme d'habitude, j'ai eu droit a mon gros orage.

jeudi 23 juillet 2009

Il pleut au pays de Noe

Quand on m'avait dit que l'Armenie etait le pays de l'Arche de Noe, je ne voyais pas trop le rapport, si ce n'est le symbole religieux du refuge pour un peuple tout entier.
Mais depuis trois jours, je comprends mieux le clin d'oeil. Un orage eclate presque tous les soirs, et aujourd'hui, le temps est vraiment bouche, les nuages ne semblent pas vouloir se lever.
Apres une nuit humide sous tente, j'ai decide de prendre l'option Bed and Breakfast, dans un charmant petit village perdu au milieu de montagnes qui ressemblent a s'y meprendre au Jura, tant la vegetation est dense... J'y suis bien et au sec, je compte donc y rester encore une nuit, avant de me diriger vers le Lac Sevan.
Comble du luxe, la maison que j'occupe est reliee au net...
Mais pas de photos aujourd'hui, car la connexion est trop lente.
A bientot.
PS du 26/07 : Vous demandiez de la pluie, de l'aventure... En voici ! Cherchez la tente...

mardi 21 juillet 2009

Vie pratique # 1 : circuler en Armenie


Un dernier post avant de reprendre la route, d'autant que je ne suis pas certain de retrouver internet avant Yerevan. Je tenais donc a vous faire partager mon experience pratique des transports.
En arrivant a Yerevan, il y a une semaine, j'ai decouvert le taxi armenien, roublard et arnaqueur... mais dans quel pays ne le sont-ils pas avec les touristes ? J'ai donc negocie mon trajet de l'aeroport jusqu'au centre de la capitale pour 10 euros... il m'en demandait le double. D'apres mon guide, c'est bien le prix a payer...
Puis, pour mon plus grand plaisir, j'ai fait connaissance avec le marchrout, un bus collectif qui me fait penser au taxi-brousse africain - que je connais d'apres le recit d'autres voyageurs.
Alors bien sur, ce n'est pas tres confort, et surtout il ne faut pas hesiter a tendre la main, verifier sa destination avec le chauffeur, prendre des enfants sur ses genoux... bref, j'arrete avec le folklore, vous comprenez tous ou je veux en venir.
Le gros avantage de ces transports locaux, c'est leur prix. J'ai pu ainsi parcourir les 100 km qui separaient Amberd de Gumri pour seulement 1000 drams, autrement dit, 2 euros. Surtout, il en passe tout le temps, et ils s'arretent n'importe ou.
Il est finalement beaucoup plus facile de circuler en Armenie qu'en France.
Je vous laisse pour quelques jours... direction le Nord (enfin, je crois...)
PS du 31/07 : Je me suis rendu compte, entre temps, que la plupart des voitures armeniennes - des Ladas, quoi - roulaient au GAZ !!!
Le probleme, c'est justement le manque de gaz, surtout quand on franchit des cols a 3000 metres... Et puis, comme l'essence brulee, cela ne sent pas bon. Seul avantage, fournis directement par les Russes, c'est beaucoup moins cher pour eux que le petrole, dont les reserves du Caucase proviennent principalement d'Azerbaidjan...

Resilience...



Oui, je sais, c'est un peu raide de commencer un post avec un titre comme celui-ci. Mais ceux qui lisent ce blog - enfin, presque tous - savent mon gout pour les mots creux et le phrasage. Ils me pardonneront donc.
La resilience est un concept a la mode - pages "psychologie" de Marie-Claire - qui se propose d'analyser la capacite de reconstruction d'une personne ayant subi un traumatisme. En parcourant les rues de Gumri, voila que ce mot me vient a l'esprit. Il faut savoir que cette ville, la deuxieme par son nombre d'habitants apres Yerevan, a ete la plus durememt touchee par le tremblement de terre de 1988. Une ville detruite a 95%, et beaucoup de morts sous les decombres.
Un peu plus de vingt ans apres, on voit encore des batiments qui furent certainement tres beaux, notamment dans le vieux centre, mais il manque un toit, un mur, un etage entier... Ailleurs, la ville se reconstruit tres vite. Elle fait du neuf avec l'ancien, elle recupere, elle ne jette pas ce qui fonctionne encore - vieux bus dont on se demande comment ils roulent...
Je repense a ma discussion avec mes deux Libanais de Yerevan, qui fustigeaient la passivite des Armeniens, leur dependance vis a vis de l'aide exterieure. Il est vrai que de nombreux monuments sont reconstruits grace a des fonds americains, europeens... Aznavour a meme une statue sur la place principale de la ville. Le reste semble etre a l'abandon.
Mais peut-il en etre autrement ?
Gumri est actuellement la ville du renouveau artistique de l'Armenie. De nombreux peintres et sculpteurs y sont a l'oeuvre. Un moyen comme un autre de resilier son abonnement avec l'horreur.
Et moi, je profite encore ce soir de mon "hotel de luxe"... TV, mini-bar... il est bien loin le routard !

lundi 20 juillet 2009

Là où les taxis ne vont pas...



Me voici à Gumri aprés trois jours dans la montagne. Je suis fatigué pas super propre, mais rassurez-vous, je passe la nuit, et peut-être la suivante, dans un hôtel "de luxe".
Après mes erreurs d'orientation, je me suis finalement dirigé dans la bonne direction, vers l'Est. Première nuit à Amberd, un éperon rocheux a 2000 mètres d'altitude, avec une charmante église et une forteresse en ruine... rien d'autre que le vent. Enfin si, un épicier sympa qui accueille les touristes le jour, et qui me prête une couverture pour la nuit. Planter la tente au beau milieu d'un site historique, c'est quand même mieux que l'hôtel !
Le lendemain, départ à pied pour l'Aragatz, plus haut sommet d'Arménie. Malgré une bonne carte datant de l'époque soviétique, je ne prends pas le bon chemin, et je me perds - ne vous privez pas avec vos commentaires sarcastiques... moi, je vous dis que c'est encore le meilleur moyen de voyager.
Je demande donc régulièrement ma route à des bergers nomades, les Yazedis... Forts sympathiques, ils m'invitent à boire de la vodka à dix heures du matin. Je décline l'invitation, et me contente de suivre leurs indications... très évasives " Davaï, c'est par là..." Je m'adapte, et abandonne les chemins pour suivre à la boussole le sommet que je vois par moments.
Six heures après, j'arrive à mon camp de base pour la nuit, une station scientifique a 3200 mètres. Ici, tout est délabré, tout semble hors d'état de fonctionner... et pourtant il y a du monde, et même un petit restaurant. Je m'offre une bière et un repas après cette journée très sportive, avec un sac approchant les 17 kg.
Je me couche tôt, mais l'orage gronde au loin... finalement, il ne monte pas jusqu'ici, et c'est tant mieux. Je me permets de dormir plus longtemps que prévu, et je me lance à l'assaut de l'Aragatz. En deux heures, sans trop fatiguer cette fois, et avec un petit sac, j'y suis... 3879 mètres pour l'un des quatre sommets de l'Aragatz. Le cirque volcanique que je découvre alors est magnifique - forcement, je n'ai pas fait tout cela pour rien !
La descente est rapide. Je compte manger un morceau au même endroit qu'hier, mais une famille m'invite à un pique-nique au bord du lac. Ils fêtent je ne sais quoi, mais ils picolent sérieusement. Je les amuse, avec mon gros sac. La grand-mère m'invite à danser, parce que même à 3200 mètres, il y a de la musique.
Ils me proposent de descendre jusqu'à Amberd avec eux, dans leur camionnette, entre la grand-mère et le mouton qui vient de se faire cuisiner. Bon souvenir, d'autant qu'il n'était pas attendu. Mais dans la montagne, on est rarement seul en Arménie. De retour à Amberd, tous les locaux venus en pélerinage me connaissent ; "Franski... François !!"
La suite, c'est le Nord de l'Arménie, puis le Lac Sevan, avant un retour provisoire sur Yerevan.
A bientôt.

vendredi 17 juillet 2009

Faux départ...



Et oui, j'ai beau être prof de géographie et pratiquer la course d'orientation, je suis parti dans le mauvais sens hier... Garni est à l'Est de Yerevan... or je voulais aller à l'Ouest !
Mais je n'ai pas perdu mon temps, rassurez-vous. Garni et Geghard sont deux beaux sites perdus dans les montagnes. J'ai passé la matinée à visiter les églises et temples des environs avec un américain, puis j'ai décidé de dormir à Garni avant de revenir sur Yerevan aujourd'hui.
En cherchant de l'essence pour mon réchaud, j'ai rencontre Armen, un jeune du coin qui ne comprenait pas un mot d'Anglais, mais peu importe. Il m'invite à boire le café, puis me fait visiter ses terres - des vergers, avec des abricots délicieux, trois vaches...
J'utilise pour la première fois mon imagier... trés pratique, mais assez limité pour aborder une conversation... J'arrive à comprendre que son hospitalité n'est pas à vendre, mais par contre, s'il peut me rendre service contre quelques euros, ce serait avec plaisir. Je crois qu'il est prêt à me faire visiter l'Arménie avec sa voiture. Difficile de lui faire saisir que ce n'est pas comme cela que je vois mon voyage.
Peu importe, l'hospitalité est bien là. Je mange avec le papa et le petit frère, avec qui je m'entends très bien. Il n'hésite pas à parler avec les mains... Je plante ma tente sous les arbres fruitiers, et je récupère de mes courtes nuits à Yerevan, d'autant qu'il fait presque frais en altitude.
Je pars cet après-midi pour l'Aragatz, puis ce sera - vraiment, cette fois - Gumri.
PS : J'ai involontairement bloqué l'accès aux commentaires pour ceux qui ne sont pas dejà utilisateurs de blogspot... Erreur réparée, je crois... N'hésitez plus, d'autant que vos messages sont toujours un plaisir pour moi.

mercredi 15 juillet 2009

Quelques clichés...





... avant de quitter la capitale. Je ne m'y attarde pas, on trouve les mêmes dans tous les guides touristiques.
Hier soir, j'ai passé un bon moment en compagnie de deux iraniens francophones d'origine arménienne et de retour au pays après une longue errance - France, Québec... Ce sont des intellectuels de la diaspora, assez méprisants vis a vis de ceux qui sont restes malgré l'occupation soviétique...
Mais pourtant, ils aiment ce pays "archaïque" au point de venir s'y installer et d'y refaire leur vie. Conclusion de l'un d'eux : "C'est un pays paradoxal, François, tu vas t'y plaire..." Soit, je n'ai pas l'intention de le contredire. Je garde contact avec eux, je vais peut-être les recroiser...
Demain matin, je pars pour Garni et Guerghard, à l'ouest de Yerevan. Je projette de pousser jusqu'à l'Aragadz, sommet de l'Arménie... certainement après-demain. Peu de chance que je trouve des cybers dans ces coins...
Je vous donne donc rendez-vous à Gumri, d'ici quelques jours...

mardi 14 juillet 2009

Tout ce que j'aime...


Pour l'instant, ce pays, ou ce que j'ai pu en voir - si peu, mais les premières impressions sont souvent décisives - me correspond tout à fait. Je suis arrivé ce matin, très tôt, dans la capitale, Yerevan. A cinq heures, tout le monde dormait, les taxis somnolaient dans leurs Ladas rutilantes, et la ville était à moi.
Puis le bordel et la chaleur se sont invités, et j'ai parcouru au petit bonheur la chance les rues, sans rien chercher de précis... enfin, si, un hôtel, celui d'où je vous envoie ce premier post.
Alors pour revenir au sujet, disons qu'il est difficile de comprendre la cohérence de la ville, puisque tout y côtoie n'importe quoi... Des constructions modernes sortent de terre à côte de ruines dont tout le monde semble se foutre.. Beaucoup de verdure aussi, au beau milieu de ce béton... Et des odeurs d'Orient, avec ces épices qui prennent tout de suite le nez...
Je vais peut être rester un jour de plus, continuer à visiter, mais plus méthodiquement - beurk... des musées... Faut que je pense à dormir aussi, une nuit blanche, c'est usant. Mais je suis tellement content d'y être !!!

samedi 11 juillet 2009

Mais pourquoi l'Arménie ?


Grand comme la Belgique, mais loin d'être aussi plat, l'Arménie est "un pays de pierres", coincé entre des voisins durs de la frontière. Peu de chance que j'aille voir de l'autre côté, en Turquie à l'Ouest ou en Azerbaïdjan à l'Est.
Pour l'Iran au Sud et la Géorgie au Nord, le contexte actuel n'est pas franchement favorable au tourisme...
Alors voilà, il me restait ce petit morceau de territoire caucasien accroché à son histoire chaotique pour mettre un pied en Asie, tout en ayant le regard tourné vers le Moyen-Orient, sans oublier l'Europe que je laisse derrière moi, pour un mois.
Mais pourquoi l'Arménie ? Parce que personne n'y va, justement... Au programme, de la marche et des paysages, un peu de culture quand même (des croix, des églises, des croix, des églises...), et je l'espère, de belles rencontres.
Pourquoi partir tout seul ? Parce que je veux me forcer à aller de l'avant, vers les autres...
Ce blog me permettra de vous tenir au courant de mon périple. A défaut de pouvoir vous envoyer des cartes postales - n'en attendez pas, le service est semble t-il très défaillant dans ce pays - ces papiers numériques feront, me semble t-il, l'affaire.
Les cybercafés sont normalement monnaie courante dans les villes. Cela dit, il n'y a pas beaucoup de villes en Arménie. Affaire à suivre d'ici quelques jours... j'arrive mardi matin à Yerevan, la capitale.